Contexte et enjeux
Le projet ABAA, soutenu financièrement par l’Union Européenne à travers le programme LIFE, est un projet innovant car fruit d’un partenariat entre les agriculteurs bretons et les scientifiques pour une meilleure qualité de l’air. Porté par Air Breizh en partenariat avec les Chambres d’agriculture de Bretagne, le projet ABAA a pour ambition de tester et développer en Bretagne des pratiques agricoles moins émissives en ammoniac et de mieux en quantifier l’impact sur la qualité de l’air.
Un projet, un partenariat
Air Breizh a choisi de s’engager dans ce projet puisque les émissions d’ammoniac sont une problématique régionale en termes de qualité de l’air. Pour autant, peu de mesures avaient été réalisées jusqu’à alors et de nombreuses inconnues persistent sur le sujet. En tant qu’association agréée de surveillance de la qualité de l’air, il était important pour Air Breizh de considérer cette problématique régionale. Avec le projet ABAA, Air Breizh va pouvoir enrichir son réseau de mesure, entre autres au niveau de l’ammoniac et ainsi améliorer ses connaissances sur le sujet ainsi que sur le lien avec les particules fines répondant ainsi aux exigences réglementaires.
Les Chambres d’agriculture de Bretagne, en s’engageant dans ce projet, répond à sa mission d’accompagner l’agriculture bretonne dans ses transitions. C’est au travers de ses actions de recherche, de développement et de formation que les Chambres d’agriculture travaille pour que notre région reste une terre d’élevage comprise de nos concitoyens, réduisant ses impacts sur l’environnement et attractive pour le renouvellement des générations en agriculture. Avec le projet ABAA, elles répondent directement à ces enjeux en visant la réduction de ses émissions d’ammoniac et participe ainsi à améliorer la qualité de l’air. De ce partenariat inédit, est né le projet ABAA.
Réduire les émissions d’ammoniac pour améliorer la qualité de l’air
De nombreux polluants, issus de l’ensemble des secteurs d’activité (industrie, transport, résidentiel, agriculture, …), contribuent à la pollution de l’air ambiant. Le projet ABAA se concentre sur la réduction des émissions d’ammoniac, gaz principalement émis par l’agriculture. L’ammoniac se combine, ensuite, avec d’autres molécules issues du transport routier ou des industries pour former des particules fines qui dégradent la qualité de l’air, et dont les risques pour la santé sont aujourd’hui avérés. L’agriculture bretonne, avec le projet ABAA prend directement en compte ces enjeux.
Malgré une amélioration de la situation au cours des dernières décennies en France, les concentrations de particules fines dépassent régulièrement les normes européennes dans plusieurs agglomérations françaises. En France, Santé Publique France recense un chiffre d’environ 40 000 décès prématurés par an associés aux particules fines PM2.5.
En Bretagne, sur les années 2020, 2021 et 2022, nous avons connu respectivement 3, 5 et 12 jours avec dépassement de seuils liés aux particules fines, donnant lieu à des déclarations préfectorales. Il est important de noter qu’il peut être observé une variabilité d’une année sur l’autre comme c’est le cas sur les 3 dernières années. En effet, les dépassements de seuils sont associés fortement aux conditions météorologiques.
En Europe, en 2015, les émissions d’ammoniac sont liées à 94% à l’activité agricole. En Bretagne, l’agriculture tient une place importante sur le territoire, la France lui ayant donné une vocation nourricière au fil de l’histoire. Une terre fertile et un climat propice permettent aux agriculteurs bretons de nourrir en moyenne un Français sur trois. Le secteur agricole dans la région contribue, en 2020, à 18% des émissions d’ammoniac à l’échelle nationale. En 2020, environ 100 000 tonnes d’ammoniac ont été émises en Bretagne. Les émissions d’ammoniac ont diminué de 4% entre 2008 et 2020 (ISEA, v5, Air Breizh).
Objectif pour la France : réduire de 13% ses émissions d’ammoniac en 2030
Depuis 2001, la France doit respecter un plafond pour l’ammoniac fixé par la directive européenne (2001/81/CE) définissant des plafonds d’émissions nationales (NEC). En 2016, une nouvelle directive européenne (NEC 2016/2284/UE) inscrit des engagements de réduction des émissions de polluants atmosphériques pour 2020 et 2030 par rapport à la quantité émise en 2005.
Pour la France, la réduction des émissions d’ammoniac est ainsi fixée à 13% à horizon 2030.
Pour faciliter la mise en place de mesures de réduction des émissions d’ammoniac associées au secteur de l’agriculture, un guide des meilleures techniques agricoles pour une bonne qualité de l’air a été publié en septembre 2020 par l’ADEME. Néanmoins, les techniques présentées sont insuffisamment pratiquées car coûteuses et complexes.
Dans ce contexte, l’absence de politique publique opérationnelle d’envergure nationale ou régionale dédiée à la question “agriculture et qualité de l’air” risque de mettre en péril l’atteinte de ces objectifs et pourrait conduire à un contentieux entre la France et l’Europe.
Une ambition forte pour l’agriculture bretonne est donc d’anticiper la recherche de solutions pour limiter ces émissions. Le projet ABAA constitue donc une réponse directe aux efforts demandés par la directive NEC par un partenariat innovant entre les agriculteurs bretons et l’observatoire régional chargé de la surveillance de la qualité de l’air, Air Breizh.
Le projet ABAA
Le projet ABAA se développe autour d’un groupe d’agriculteurs pionniers volontaires du territoire pilote de Brest-Pays d’Iroise visant à tester et valider les méthodes déployées. Celles-ci reposent sur les expertises techniques liées au domaine de la qualité de l’air, à travers la mise en place d’un réseau de surveillance de l’ammoniac et le développement d’outils numériques associés, ainsi que sur l’évolution des pratiques agricoles avec une mobilisation et un accompagnement des agriculteurs notamment via l’utilisation d’un outil d’aide à la décision (OAD) visant à réduire les émissions d’ammoniac sur le terrain.
Découvrez en vidéo le projet ABAA :